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Agone, l'écrit de l'entre-saison

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Agone, l'écrit de l'entre-saison Empty Agone, l'écrit de l'entre-saison

Message  Agone Lun 4 Mai - 18:16

L’entre-saison.

« …L’automne m’amène le songe et l’inspiration. C’est la saison de l’agonie, et pourtant une saison festive, toute en nuances et en couleurs. Le moment final, où la terre expie dans toutes ses couleurs et son éclat. Magnifique, tout bonnement.
Entre l’hiver et l’été, elle semble tirer le meilleur des deux. Les tiédeurs légères sans canicules ni terribles froidures. Les pluies douces répandant l’odeur entêtante des feuillages mouillés, pas les pluies torrentielles estivales, niox plus que les grêles hivernales.

L’automne est l’entre-deux mondes, un crépuscule temporel, saisonnier.
Je suis à l’image de cette saison, entre deux mondes, entre les univers estivaux et hivernaux. Entre folie et raison. Je suis née entre hiver et été. Littéralement et de parents de ces deux appartenances.

Entre ombre et lumière, je suis grisaille. Je suis grise, mais je me grise tout autant de cette saison qui m’enivre. Et lorsqu’elle s’absente, saison trop fugace, j’invente d’autres automnes qui fleurissent en mon crâne. Je recrée comme l’alchimiste en son flacon, artificiellement, les plaisirs volages de la belle saison.
Ma vie est rêve, car je le veux ainsi. Elle est suites de plaisirs, oublis réitérés. Inspirations capturées au vol.

Je suis entre le chagrin inextricable et l’allégresse incontrôlable. Les deux éléments valsant dans ma psyché sans retenue ni contrôle. J’ai besoin du rêve éveillé. Besoin d’inspiration qui frappe comme la gifle. D’une muse presque oppressante, qui voudrait bien me traquer… »
Agone
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Agone, l'écrit de l'entre-saison Empty Re: Agone, l'écrit de l'entre-saison

Message  Agone Lun 4 Mai - 18:16

Agone

« …J’allais d’un pas pressé vers la cité des Masques. Celle qui, à mon sens, collait au mieux à mon derme d’ombre et de lumière. Mais pour cette cité des Masques, femme de théâtre que je suis, je devais trouver un masque.

Agone. Pourquoi pas? Joli. Sobre. C’est un masque intéressant.
Il me représente bien. Ce ne sera peut-être pas un grand rôle, mais je sais qu’il me colle à la peau.

Il est engravé dans ma chair, mon ectabulix. Mes ailes. Dans mes pupilles sans fond. C’est décidé, un masque superposerait le masque. Agone se superposerait à Miiumae’aheïm. Comme Miiumae’aheïm se superpose à ce que je fus, Aléa. Qui s’est superposé à autre chose encore, Aeliwe, mon premier nom. Couche, après couche. Après couche. Mais au final… qui suis-je? L’on me dit chat. Peut-être me trouverais-je sur le chemin?

J’emplis ma pipe nacrée, de mon bagage trop sobre. Je l’allumai à la bougie trônant dans ma chambrée, à l’auberge de Tyrimar où j’ai choisi de faire halte. Ailes repliées, enfoncée dans les coussins, je ferais de cette chambrée trop drabe un royaume de cette saison de splendeur, de gloire et de l’agonie. Agone, je suis. L’Agonie, mon royaume? Entre deux eaux toujours. Entre vie et mort, l’immortalité du corps et de l’esprit flottant… »
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Agone, l'écrit de l'entre-saison Empty Re: Agone, l'écrit de l'entre-saison

Message  Agone Lun 4 Mai - 18:17

Prime enfance

« Père. Razreix. Quand le voyais-je? Lui et son nébix étaient toujours là, à discuter, à s’inventer milles mondes, sans affres de mort, sans abysses. Aeliwë s’occupait de moi. Peut-être était-ce pour cela que je ne grandissais pas. Ou bien pourquoi elle et son époux, toujours absent, n’eurent jamais d’autres enfants que ce que je fus pour elle, par procuration?

L’on m’a relaté bien plus tard que je suis restée dans la prime enfance plus que cent ans. Un nourrisson qui s’adaptait aux besoins de la femme, qui grandit si lentement qu’une pousse, en un pot trop petit. Mais qui tissa le monde d’un millier de « pourquoi ».

Puis elle me fut arrachée. La mort étendit sur elle ses griffes, et éloigna un temps mon père et son nébix de leurs projets trop grands pour des hommes. Juste assez de temps, pour voir leur monde s’effondrer. Les nébix se séparèrent. L’un rendu trop amer de chagrin, voulant récupérer celle qu’il avait perdu, dont il avait omis les dernières années de s’occuper. L’autre se trouva sans but, hormis de s’occuper de moi.

Il me confia, à une tutrice massive et rougeaude, autant par sa nature estivale que de son existence de bonne vivante, Madame Kizixie, faute de mère que je n’avais jamais eue à défaut de celle qui m’avait été arrachée, pour vaquer à ses études.
Je protestai comme je pus, à ce triste délaissement. Je refusai obstinément de grandir, de devenir ainsi à mon tour, des êtres dont la psyché et la quête sans fin oblitèrent en entier le plaisir de vivre, avant qu’ils ne réalisent que leur vie éternelle n’ait été gâchée par leurs manœuvres. Je m’obstinai aussi, du peu de mots que je possédais et à renfort de grands cris, que l’on me nomme Aléa. J’étais l’enfant du hasard, maintenant.

L’on me fit pour un temps, combien je l’ignore, reine de la troupe d’enfants qui passaient dans l’établissement, l’on me gâta à juste mesure. Le temps passa, je vis pousser ceux qui avaient été au printemps de leur vie, avancer en saison et quitter l’endroit. Le temps fit qu’on m’oublia, je devins part du mobilier.

Mon père, au début, vint souvent. Jouant avec moi, par acquis de conscience peut-être, puis repartant comme il était venu, en une petite fumée blanche que je tentais toujours de capturer.

Vint un temps où je ne l’entrevis qu’occasionnellement. Je le vis s’entretenir, le temps passant, uniquement avec Madame Kizixie. Je me souviens de ces mots, que j’entendis des années durant :

-A-t-elle grandi? Niox. Kizim. Rel Por.

C’était tout, avec le temps, ce qui put être tiré de mon père. Les derniers mots que j’entendis de lui. Madame Kizixie elle aussi, ne tirait pas grand contentement de l’éternelle enfant que je vouais à être. Et que le sort m’accordait d’être. Peu commode pour elle, d’ailleurs. Elle prit parti de me faire faire courrir le monde avec elle, en espérant que la chose remédierait au problème que j’étais, jouet dont elle s’était lassée, afin de lui éviter de la faire passer pour une mauvaise tutrice, qui empêchait ses pousses de grandir.

C’était une erreur.

Une ombre la laissa un jour dans la neige, silhouette rouge, mare rouge, dans la mer blanche de neige, alors qu’une ombre noire et blanche, grise, m’emportait dans le jour. Je sais à ce jour ce qui advint d’elle, mais je me sens incapable d’avoir de la peine pour elle. Lorsque je me souviens de cette image, la seule pensée qui me vient est celle de la magnificence des couleurs et des contrastes. Et le vent, fouettant mon visage et mes ailes, les claquements de tissus, le chant de la neige dure qu’on altère. »
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Agone, l'écrit de l'entre-saison Empty Re: Agone, l'écrit de l'entre-saison

Message  Agone Lun 4 Mai - 18:19

Chaton

« -As-tu seulement vingt ans?

C’est ce qu’il m’a demandé. Tirant mes doigts de la pelisse dans laquelle j’étais enroulée, je tentai de compter. Je me perdis, après avoir fait quatre fois le tour de mes dix doigts.

-Il y aura fort à faire.

Qu’il dit. Encore une fois, ces mots marquèrent avec raison mon souvenir. Tout paraissait étrange, jusqu’aux odeurs d’encens, aux parfums des draperies et des fleurs. Aucune lueur runique n’illuminait le lieu, qui me parut très triste sous la lueur des flammes.

Un chat me barra les jambes. Je m’allongeai à son côté, sur la pierre, avec plaisir. Je l’attirai, sans le forcer, contre moi, roulant par terre avec la bête au pelage aussi brun que celui que Madame Kizixie m’avait attribué. Le chat se laissa faire de bonne grâce. J’entendis :

-Ce chaton est joueur. Trop, peut-être. Les chats finiront par lui faire sévères rebuffades… Face aux félins, je ne songe même pas… Sa nature est autre, et ceux qui ne sont pas de la bonne nature, ceux porteurs de tares, tu sais bien quel sort leur est réservé…

La voix connue répondit : Nous verrons bien.

Je ne savais pas, alors, combien je lui devais. On me laissa le temps de jouer, jusqu’à ce que moi-même et le chat soyons lassés l’un de l’autre. »
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Agone, l'écrit de l'entre-saison Empty Re: Agone, l'écrit de l'entre-saison

Message  Agone Lun 4 Mai - 18:33

Apprentissage

"... Toujours l'enclave. Toujours le labeur. Je me souviens de mon existence de chaton, ainsi. Les exercices, les leçons. Le mépris de certains, la pitié d'autres à pire saveur encore. La nécessité de paraître meilleure que tous, encore. Mes ailes m'imposaient de voler au dessus de la masse, car étrangement pour la plupart des chats et chatons ils faisaient de moi une inférieure.

Je poussai comme une mauvaise herbe, grandis au rythme nargolith, m'a-t-on dit.

Je me souviens de Persan. Un chat intéressant, qui me trouvait intéressante également. Un tuteur précieux dans les chamailleries de chatons et la haine que me fouaient certains félins. Il prit souvent la charge de mes leçons, charge qui rebutait beaucoup de chats. Principalement ceux qui appréciaient et approuvaient les harangues de Lynx, l'Ancien. Persan m'enseigna si bien qu'il se trouva dans les bonnes grâces du Sphinx et dans le courroux du Lynx. Dans un sens, chacun y trouva son compte. Moi, j'avais appris, et je pus observer les luttes entre les grands félins, de mes yeux de chaton. Persan n'est plus, c'est bien dommage. Il a disparu. Sans surprise je pourrais croire que son compte a été réglé par le Lynx.

Ce n'est que bien plus tard que je reconnus sa voix comme étant celui qui me décriait, au premier jour. Alors que le Sage Sphinx me défendait. L'on ne s'oppose pas au Lynx farouche impunément, mais je passai mon statut de chaton à l'esquiver. Plus tard, je deviendrais Ancienne en faisant couler son sang, j'en avais fait serment. Un jour, je serais Lynx moi-même. "
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Agone, l'écrit de l'entre-saison Empty Re: Agone, l'écrit de l'entre-saison

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